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Le métier de haute lice se présente comme un Gand cadre vertical, il permet la composition d’une tapisserie issue du croisement des fils de chaine tendus dans un premier temps, et de la trame qui racontera l’histoire choisie.
Mes projets de tapisserie s’imposent à moi parce qu’ils sont issus de mon rapport au paysage et d’une émotion qui m’a traversée.
La photographie choisie sera mon point de départ et amorce sa mutation en projet artistique lors de son analyse.
Chaque fil ou fibre choisis est un acteur du scénario en cours et jouera son rôle dans la révélations des subtilités de la pièce. La technique de haute lice permet de prendre du recul sur le tissage en cours et d’affiner l’intervention d’une matière. Les couleurs et les effets de contraste ne se révèlent que l’on a avancé au dessus du motif .
Si la préparation est bonne, on peut se faire confiance. Cette technique croise aussi des savoir faire très subtils de tressage , de tissage et de nouage dans tous les pays du monde. C’est un langage universel qui s’enrichit aujourd’hui de la valorisation d’écorces et de végétaux, sous estimés: des tiges de lotus sont transformés en fils aujourd’hui .
Ces nouveaux rapports à la matière inspirent le design et la recherche et ouvrent à tout échange dans la répétition et la transmission des gestes »
Choisir des matières au service d’un projet ou d’une histoire à raconter, c’est une forme d’écriture qui rejoint le design parfois et me surprend. Cette pratique enrichit aussi mes choix de projets en tapisserie haute lice.
C’est un va et vient dans lequel la main est le passeur.
J’interviens sur des parcours artistiques depuis 1993 où j’avais conçu avec le public une « Passerelle à rêve « à partir d’une chaine de fils tendue entre deux arbres d’un village, devant le paysage.
L’idée de travailler avec les végétaux glanés sur place pour le trame a mis en lumière l’intérêt de certains rythmes et détails des plantes.
Dans l’entrelacs de ces végétaux les fils faisaient lien et laissaient s’exprimer une poésie propre au lieu. Les techniques d’entrelacs et de tressage s’adaptent à la fibre découverte sur place, elles s’ouvrent vers un dialogue avec le paysage, comme en révélant ses secrets.
Les fibres végétales ont permis de tresser les premières cordes, tel un miroir de ce que certaines lianes nous offrent: les clématites sauvages par exemple.
En les suivant, et en les détournant de leur usage premier, l’artiste plasticien propose un nouveau monde
Catherine Libmann